Le système d’autoréparation de l’ADN, découvert par le Pr Miroslav Radman en 1974, remet en question le dogme du rôle central de l’ADN dans le processus du vieillissement. Avant de découvrir le système SOS, le Pr Miroslav Radman a travaillé sur une étrange bactérie, au nom bien compliqué à prononcer : Deinococcus radiodurans. Littéralement « l’étrange graine qui résiste aux radiations ».

Son histoire médiatique débute en 1956, lorsqu’un soldat de l’armée américaine découvre un bloc de viande avarié, en ouvrant sa boîte de corned-beef. Une enquête sanitaire montre que cette dernière faisait partie d’un lot irradié. La bactérie responsable est cultivée en laboratoire, puis soumise à des radiations de plus en plus puissantes : impossible de la détruire !
« En réalité quand Deinococcus radiodurans est exposée, par exemple dans la stratosphère à des doses de rayons ultraviolets mille fois plus intenses que sur la terre, son ADN est absolument sec, donc cliniquement mort. Mais si elle retombe sur terre, grâce à la pluie ou la neige, et qu’elle est réhydratée, elle ressuscite. Et ce, grâce aux protéines : si ces dernières ne sont pas abîmées par ces conditions extrêmes, une fois qu’elles sont réhydratées, elles reprennent leurs fonctions et peuvent réparer mille cassures d’ADN s’il le faut. Et la vie recommence comme si de rien n’était », explique le Pr Miroslav Radman, biologiste, généticien, Directeur scientifique de l’Institut méditerranéen des Sciences de la vie (MediLS) à Split en Croatie. Deinococcus radiodurans est désormais surnommée l’increvable !
L’antidote au vieillissement
SOS ADN, ce système de survie des bactéries suite à des lésions importantes de leur ADN, pourrait-il s’appliquer à l’homme ? Notre ADN a aussi besoin d’être restauré constamment pour retarder la dégénérescence de la cellule et le vieillissement : par exemple, celui de la peau qui, exposée aux ultraviolets, se dessèche et se ride…
« Le système SOS ADN active quasiment tous les mécanismes de réparation qui sont décuplés, amplifiés suite à un choc, à un stress au niveau de l’ADN. La capacité à réparer, une demi-heure après une radiation ou un dégât sur l’ADN, est dix fois plus grande qu’avant le dommage. Et c’est tout à fait justifié d’espérer un jour utiliser ce système SOS de la bactérie pour notre propre santé », précise le Pr Radman.
L’espoir est là et l’équipe du Pr Radman a déjà identifié l’antidote au vieillissement : de petites molécules qui protègent les protéines des bactéries contre les dégâts chimiques ou oxydatifs. Cerise sur le gâteau : elles ne sont pas toxiques.
« Rien ne s’oppose scientifiquement à la possibilité d’utiliser un jour ce cocktail moléculaire, à le fabriquer nous-mêmes, et à l’introduire dans notre organisme via des médicaments », s’enthousiasme le Pr Radman.

Le premier pas a été accompli :
ce cocktail a prouvé son efficacité à protéger les protéines de cellules humaines en éprouvette. Reste à le démontrer chez l’homme.
Un autre pas à franchir pour faire reculer le cancer, la maladie d’Alzheimer, le diabète, les maladies cardio-vasculaires et neurodégénératives. La longévité en bonne santé pour tous, c’est peut-être pour demain !
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