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Rôle de l’épigénome dans le vieillissement

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Grâce à notre épigénome, nous ne sommes pas prisonniers de notre ADN

Génétique contre épigénétique

La durée de notre existence est-elle inscrite dans notre ADN ou dans notre comportement ? La science moderne penche pour la seconde solution.

La question n’est pas nouvelle. Aristote, en 350 avant notre ère, en étudiant des embryons de poulet, se demandait déjà si nous étions programmés à l’avance ou façonnés par notre environnement. Un débat autant scientifique que philosophique !

Le 20ème siècle a sacralisé la génétique avec cette idée forte que nos gènes nous gouvernent. Ce sont eux qui nous font blonds ou bruns, grands ou petits, touchés ou pas par une maladie génétique. Plus encore : notre espérance de vie serait gravée dans notre génôme.

« La génétique n’est plus toute puissante ! Certes, pendant 50 ans, on nous a appris que le code génétique, hérité de notre papa et de notre maman, allait déterminer notre avenir médical. On considère maintenant qu’à 80% c’est faux, et c’est prouvé par une science qui s’appelle l’épigénétique : en grec, « épi » veut dire au-dessus », analyse le Pr Gilbert Deray, néphrologue et pharmacologue à l’hôpital La Pitié-Salpêtrière à Paris.

 

Contrôler son avenir génétique

L’épigénétique est-elle réellement au-dessus de la génétique ? Peut-elle contrecarrer les lois de l’hérédité ?

Plusieurs études l’ont montré : elle peut modifier toute la machinerie de nos cellules, puisque l’activité de nos gènes est impactée par nos comportements.

« Votre code génétique est fait d’environ 23 000 gènes : des bouts de chromosomes qui sont comme des logiciels. C’est vous qui décidez d’activer ou de désactiver chacun de ces petits gènes. Imaginez que vous ayez un gène qui code pour le cancer du poumon : si vous adoptez un comportement favorable -notamment ne pas fumer- vous désactiverez ce gène. Il ne pourra plus s’exprimer. A 80%, vous contrôlez votre activité génétique et donc votre avenir génétique », affirme le Pr Deray.

D’ores et déjà, nous pouvons maîtriser notre mode de vie : il est formidablement influent sur notre code génétique
Pr Deray.

Mais dans 20% des cas, la génétique reste prépondérante :

Pour preuve, ces maladies génétiques, avec des codes ADN qui dysfonctionnent, et que l’on ne peut pas toujours soigner, malgré les avancées de la thérapie génique. Cependant, dans l’immense majorité des cas, nous avons les capacités d’agir.


« De nombreux laboratoires pharmaceutiques recherchent des médicaments capables de transformer l’action de certains gènes, et en trouveront vraisemblablement dans les dix prochaines années. Mais, d’ores et déjà, nous pouvons maîtriser notre mode de vie : il est formidablement influent sur notre code génétique. Si nous adoptons le bon mode de vie, nous modifierons notre activité épigénétique et donc notre avenir médical», indique le Pr Deray.

Des études sur des jumeaux, dotés d’un patrimoine génétique strictement identique mais ayant des comportements différents, l’ont bien montré. Certains développent des maladies, d’autres pas, certains vivent centenaires d’autres meurent prématurément. Notre génome peut donc être influencé par l'alimentation, l'activité physique ou encore l'environnement. A chacun d’agir au quotidien pour augmenter son espérance de vie. C’est la révolution qu’apporte l’épigénétique, c’est aussi un message d’espoir.
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