Les protéines et leur oxydation
Avec son équipe, le Pr Miroslav Radman a mis en lumière le rôle crucial de la « rouille » des protéines dans le déclenchement des maladies liées à l’âge et du vieillissement.
On a longtemps pensé que l’oxydation était la conséquence du vieillissement. Et si elle en était la cause ? Et si elle contrôlait notre longévité ?
« Les protéines sont pratiquement les biomarqueurs du vieillissement : c’est leur dégradation plus ou moins rapide tout au long de l’existence qui provoque le déclin de l’organisme, l’expression des maladies dégénératives et la mort. Cette dégradation s’appelle l’oxydation. Cette dernière augmente au fur et à mesure des années, et provoque cent ou deux cents maladies liées à l’âge qui sont la cause de 90% de la mortalité en Europe. Quand les milliers de protéines fonctionnent comme il faut, il n’y a théoriquement aucune raison qu’on vieillisse ou que la vie s’arrête», souligne le Pr Miroslav Radman, biologiste, généticien, Directeur scientifique de l’Institut méditerranéen des Sciences de la vie (MediLS) à Split en Croatie.
La source de tous nos maux proviendrait donc de la « rouille biologique » autrement dit l’oxydation des protéines dont la composition chimique se modifie au fil du temps par réaction avec l’oxygène.
Protéger les protéines pour devenir centenaire

Une protéine oxydée ne remplit plus correctement sa fonction au sein de la cellule. Dégradée fortement, elle conduit au développement de maladies. Peut-on contrer ce phénomène et gagner en espérance de vie ?
Une protéine protégée contre l’oxydation pourrait-elle rendre la cellule jeune indéfiniment ?
« C’est le cas de certaines bactéries soumises à des conditions extrêmes. On a isolé, chez elles, un ensemble de protéines quasi-inoxydables ! Et on étudie maintenant quel est l’élément de leur structure qui les rend inoxydables », souligne le Pr Radman.
Le rat-taupe nu est, à ce titre, un modèle inspirant pour l’homme. Ce petit rongeur vit environ 30 ans, soit dix fois plus qu’un animal comparable comme la souris dont la longévité n’excède pas deux ou trois ans. Mieux, le rat-taupe nu résiste à toutes les maladies : le cancer, les pathologies cardiovasculaires, Alzheimer… Il reste fertile très longtemps, il conserve sa densité osseuse jusqu’à la fin de ses jours et sa force musculaire ne décline que vers 25 ans.

« Quand on a observé les protéines de ce mammifère, on s’est rendu compte que leur niveau d’oxydation était constamment faible. Chez toute autre espèce, y compris chez l’homme, le niveau des protéines oxydées augmente exponentiellement avec l’âge. Chez le rat-taupe nu, la courbe est plate ! On peut donc élaborer cette hypothèse : soit les centenaires ont un polymorphisme particulier des protéines qui deviennent majoritairement inoxydables, soit ils ont inventé quelque chose pour synthétiser davantage de molécules protectrices contre les radicaux libres, afin d’empêcher l’oxydation précoce des protéines », développe le Pr Radman.
L’équipe de ce chercheur travaille à mettre au point un cocktail de molécules susceptibles de protéger les protéines. Si ce traitement devenait réalité, nous devrions ralentir notre horloge biologique et devenir centenaires en bonne santé!

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