La diminution de la testostérone avec l’âge, chez l’homme, est-elle inéluctable ? En prendre, sous forme de médicament, pourrait-il permettre de retarder le vieillissement et ses effets délétères ? Le terme hypogonadisme est, à l’origine, un trouble pathologique de l’appareil reproducteur au niveau des testicules, de l’hypothalamus ou de l’hypophyse, deux glandes situées dans le cerveau. Cependant, à grand renfort de lobbyisme, il a progressivement été insinué que la baisse naturelle de testostérone avec l’âge est une vraie maladie : un hypogonadisme dont les symptômes associés seraient curables.
Mais quelle est la réalité scientifique de cette affirmation qui dope les prescriptions de cette hormone, devenue symbole de la virilité?
Les faits sont moins reluisants que les effets d’annonce. Les essais cliniques menés sur l’homme n’ont mis en évidence qu’un effet modeste d’une supplémentation en testostérone. On observe bien une petite hausse de la densité osseuse et de l’hémoglobine mais de tels changements sont mineurs et prévisibles. En revanche, aucun avantage de cette supplémentation n’a été démontré : pas de meilleures performances sportives, de sursaut de vitalité ou d’amélioration des fonctions cognitives.
Autre question fondamentale : cette supplémentation en testostérone est-elle sans danger ? Il n’y a pas de preuves de son innocuité chez les hommes en bonne santé, sans hypogonadisme pathologique. Pire, ce traitement peut initier ou accélérer des problèmes cardiovasculaires et prostatiques ou même créer une dépendance à cette hormone.
Une maxime scientifique dit : « ce qui est affirmé sans preuves peut être rejeté sans preuves ». C’est particulièrement vrai de la supplémentation en testostérone. Aujourd’hui, aucun argument solide ne vient soutenir l’idée que la baisse de cette hormone chez l’homme est responsable de symptômes liés à l’âge ni que sa prescription est bénéfique… au contraire ! Il convient donc de ne pas se laisser séduire par le marketing et d’exiger des preuves avant tout !
Handelsman, D. J. The Illusory Case for Treatment of an Invented Disease. Front. Endocrinol. 12, (2022).
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