Nos cellules s’entraident pour repousser les maladies. Si ce processus pouvait résister à l’inflammation chronique, il pourrait augmenter notre espérance de vie.
Les cent mille milliards de cellules qui constituent notre organisme se renouvellent en permanence. Mais elles sont dotées d’une capacité moins connue, pourtant exceptionnelle : une solidarité, susceptible de ralentir leur vieillissement. Son nom : la parabiose. Ce qui signifie en grec : vivre ensemble.
« C’est une sorte de socialisme cellulaire où l’on partage le bien et le mal. Donc des cellules, touchées par des défauts, sont corrigées fonctionnellement par les cellules voisines saines. Car, dans l’organisme humain, il existe peu de cellules isolées, on y trouve surtout des ensembles de cellules : les tissus », explique le Pr Miroslav Radman, biologiste, généticien, Directeur scientifique de l’Institut méditerranéen des Sciences de la vie (MediLS) à Split en Croatie.
Un véritable trafic moléculaire
La santé cellulaire, celle de chaque cellule, est donc liée à la santé tissulaire, celle de l’ensemble des cellules. Entre ces dernières il n’y a pas de cloison imperméable.
« Au contraire, il existe entre elles un véritable trafic moléculaire, des échanges incessants de divers macromolécules à travers des nano-canaux. Et même des échanges d’organites comme les mitochondries. La santé des cellules est donc meilleure, au niveau des tissus, que lorsqu’elles sont séparées. Par exemple, une cellule touchée par une mutation présente tout à coup un défaut fonctionnel de la protéine qui est codée. Mais une dizaine de cellules voisines, sans ce handicap, vont faire rentrer leurs protéines saines dans la cellule déficiente », poursuit le Pr Radman.

La cellule défaillante n’est pas éliminée. Soignée en quelque sorte par ses voisines, elle redevient fonctionnelle. Un formidable système de compensation qui participe à la bonne santé d’un organe !
Aider les maillons faibles
Mais cette parabiose a un ennemi : l’inflammation.
Les échanges s’interrompent, et priorité est donnée à la lutte contre la pathologie responsable de l’inflammation. Lorsque l’alerte est passée, la parabiose reprend ses droits et aide les maillons faibles. En revanche, quand l’inflammation persiste, la solidarité cellulaire ne s’exerce plus.

« Toutes les maladies liées à l’âge sont stimulées par l’inflammation chronique. Une situation dans laquelle on constate l’absence de parabiose cellulaire. Donc les anomalies cellulaires ne sont plus réparées : le processus du vieillissement se met en œuvre et des maladies latentes -celles qui auraient pu dormir toute la vie- se développent. L’inflammation est responsable de l’arrêt de la parabiose, de la manifestation des défauts cellulaires et des maladies qui s’en suivent », affirme le Pr Radman.
Stopper l’inflammation chronique et donc restaurer la parabiose :
c’est l’espoir que nourrissent bon nombre de chercheurs, dont le Pr Miroslav Radman. Cette découverte permettrait de maintenir la santé des tissus, de repousser l’arrivée de maladies liées à l’âge. Et par conséquent de prolonger l’espérance de vie.
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