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Les cellules souches, ces cellules qui permettent de « ralentir le temps »

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Points clefs :

 

  • Les cellules souches possèdent la capacité de s’autorenouveler et jouent un rôle crucial dans la réparation et la fonction des tissus et des organes.

 

  • Comme les autres cellules de l’organisme, les cellules souches finissent par vieillir et l’altération de leur fonction participe activement au vieillissement.

 

  • Les greffes de cellules souches ou les traitements visant à maintenir et restaurer leur fonction possèdent un fort potentiel anti-âge. La recherche est très active dans ce domaine.

 

On perçoit souvent l’écoulement du temps comme un fleuve sur lequel il n’est possible d’aller que dans un sens. Notre corps vieillit, s’abime et rien ne semble pouvoir freiner le processus. Pourtant, certaines cellules du corps semblent avoir la capacité de « s’opposer au courant » : les cellules souches. Ces dernières ont la faculté de s’auto-renouveler et de réparer les tissus endommagés. Plus nous vieillissons, plus le risque de développer des maladies dégénératives augmente. Serait-il possible d’utiliser des cellules souches pour réparer les tissus abimés, prévenir les pathologies liées à l’âge et par conséquent ralentir le vieillissement ?

 

L’incroyable potentiel des cellules souches

Les cellules souches sont des cellules qui ont la capacité de s’auto-renouveler et de se différencier en plusieurs types cellulaires

Les cellules souches sont des cellules qui ont la capacité de s’auto-renouveler et de se différencier en plusieurs types cellulaires1. Les plus connues sont celles de l’embryon qui permettent de créer toutes les cellules d’un être vivant. Un adulte possède lui aussi des cellules souches, dans la moelle osseuse ou le tissu adipeux par exemple1. Pendant longtemps, les chercheurs ont cru que ces cellules étaient immortelles2. Pourtant, malgré leur incroyable potentiel, ce n’est malheureusement pas le cas. Comme le reste du corps, elles subissent les effets du temps, vieillissent et perdent progressivement leurs propriétés de régénération.

 

Pourquoi les cellules souches ne sont-elles pas immortelles ?

Plusieurs mécanismes sont impliqués dans le vieillissement des cellules souches. Comme pour les autres cellules d’un organisme, les télomères se raccourcissent au fil des divisions cellulaires, l’ADN est endommagé, certains gènes sont moins exprimés, les mitochondries fonctionnent moins bien, etc… Tous ces éléments accélèrent la sénescence cellulaire2–4 (l’équivalent du vieillissement pour les cellules). Cela signifie qu’avec le temps, les cellules souches deviennent moins efficaces pour s’autorenouveler. Concrètement, les cellules souches cultivées in vitro qui proviennent d’adultes de plus de 40 ans mettent 2 fois plus de temps à se multiplier que celles provenant d’un individu plus jeune1.

 

Peut-on lutter contre l’inéluctable vieillissement ?

Reproduire l’environnement cellulaire d’un individu jeune a donc un pouvoir rajeunissant2 sur les cellules souches âgées

Certaines expériences de laboratoires ont voulu tester s’il était possible de limiter l’impact du vieillissement sur les cellules souches1,2,5 pour préserver leurs effets bénéfiques sur l’organisme et la régénération des tissus. Il est possible d’augmenter les capacités de prolifération et de résistance à la mort cellulaire des cellules souches âgées quand elles sont placées dans un environnement dit « jeune ». Reproduire l’environnement cellulaire d’un individu jeune a donc un pouvoir rajeunissant2  sur les cellules souches âgées.

D’autres expériences tentent de préserver la fonction des cellules souches en ralentissant leur vieillissement à l’aide de médicaments. Par exemple, le biphosphonate, un traitement contre l’ostéoporose6 réduit les dommages à l’ADN, améliore la survie et la prolifération/différenciation des cellules souches qui fabriquent les os et les cartilages. Cette découverte pourrait avoir une application médicale chez les patients atteints de cancer en réduisant les effets secondaires dus à une irradiation thérapeutique6.

 

Quand l’impossible devient possible !

Des résultats prometteurs ont d’ailleurs été obtenus chez des patients âgés de plus de 50 ans souffrant de maladies du cœur

Les cellules souches pourraient-elles être utilisées pour lutter contre le vieillissement ? La science commence à penser que oui en utilisant ces cellules comme un traitement1,5,7–9. Le mieux serait d’utiliser ses propres cellules souches pour minimiser les risques de rejets post-transplantation. Car oui, il s’agit bien d’une greffe où l’on transfère des cellules et non un organe entier. Les cellules souches les plus abondantes et accessibles du corps sont contenues dans la moelle osseuse, le sang et le tissu adipeux1. Après prélèvement et un processus de préparation spécifique, elles sont transplantées. Cette technique pourrait être appliquées pour traiter ou au moins améliorer la qualité de vie des patients souffrant de maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson1.

D’autres études cliniques testent la capacité de régénération des cellules souches sur d’autres maladies liées à l’âge et sur la perte de fonction de certains tissus telles que la perte osseuse, les problèmes articulaires, l’incontinence urinaire… Des résultats prometteurs ont d’ailleurs été obtenus chez des patients âgés de plus de 50 ans souffrant de maladies du cœur. Leur fonction cardiaque s’est améliorée1.

 

 

Conclusion

 

Les progrès dans la compréhension du fonctionnement des cellules souches permettent aujourd’hui d’imaginer à moyen terme de nouvelles thérapies innovantes pour réparer nos organes et freiner le vieillissement de notre corps. Cette technologie prometteuse est en plein essor et de nombreux acteurs réfléchissent déjà à ses applications concrètes pour notre santé. Malgré tous des recherches sont encore nécessaires pour parfaire le processus et surtout, il devient nécessaire que les pouvoir publics repensent le cadre législatif de son usage.

 

Bibliographie

 

  1. Gonzalez-Garza, M. T. & Cruz-Vega, D. E. Regenerative capacity of autologous stem cell transplantation in elderly: a report of biomedical outcomes. Regen. Med. 12, 169–178 (2017).
  2. Nurkovic, J. et al. Aging of Stem and Progenitor Cells: Mechanisms, Impact on Therapeutic Potential, and Rejuvenation. Rejuvenation Res. 19, 3–12 (2016).
  3. Keller, A., Temple, T., Sayanjali, B. & Mihaylova, M. M. Metabolic Regulation of Stem Cells in Aging. Curr. Stem Cell Rep. 7, 72–84 (2021).
  4. Picerno, A. et al. Why stem/progenitor cells lose their regenerative potential. World J. Stem Cells 13, 1714–1732 (2021).
  5. Alagesan, S. et al. Enhancement strategies for mesenchymal stem cells and related therapies. Stem Cell Res. Ther. 13, 75 (2022).
  6. Misra, J. et al. Zoledronate Attenuates Accumulation of DNA Damage in Mesenchymal Stem Cells and Protects Their Function. Stem Cells Dayt. Ohio 34, 756–767 (2016).
  7. Exploring Synergies between Senolysis and Stem Cell Therapy. SENS Research Foundation https://www.sens.org/exploring-synergies-between-senolysis-and-stem-cell-therapy/ (2022).
  8. Večerić-Haler, Ž., Cerar, A. & Perše, M. (Mesenchymal) Stem Cell-Based Therapy in Cisplatin-Induced Acute Kidney Injury Animal Model: Risk of Immunogenicity and Tumorigenicity. Stem Cells Int. 2017, 7304643 (2017).
  9. Maharlooei, M. K. et al. Adipose tissue derived mesenchymal stem cell (AD-MSC) promotes skin wound healing in diabetic rats. Diabetes Res. Clin. Pract. 93, 228–234 (2011).

 

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