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La restriction calorique : une piste pour retarder le vieillissement

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Manger moins pour vivre plus longtemps ?

La question n’est pas si farfelue et des études tentent de percer les mystères de cette nouvelle fontaine de jouvence.

 

Que se passerait-il si nous consommions 20 à 30% de calories en moins chaque jour ? Serions-nous en meilleure santé ? Pourrions-nous augmenter, en conséquence, notre espérance de vie ?

De nombreuses études suggèrent que la restriction calorique ralentit le métabolisme et réduit le stress oxydatif qui favorise les maladies liées à l’âge et le vieillissement. Des études essentiellement réalisées sur des animaux.


« Par exemple, les scientifiques ont à leur disposition un petit ver qui s’appelle Caenorhabditis elegans. Ils travaillent aussi sur la drosophile, une petite mouche, mais aussi sur les souris, les rats, les rats-taupes nus, les singes, les chauves-souris… Ces modèles animaux sont étudiés notamment pour identifier les gènes impliqués dans la longévité humaine. Ce sont des gènes liés au métabolisme. En d’autres termes, le seul moyen d’augmenter la longévité chez un homme ou chez un singe – les singes étant très proches de l’homme, 1% de différence génétique seulement – ce serait la restriction calorique : si vous mangez moins, vous augmentez vraisemblablement l’espérance de vie. C’est démontré chez le singe pour l’instant», indique le Pr Patrick Berche, microbiologiste*.

 

Je mange moins donc je vis plus ?

Comment comprendre ce phénomène observé chez ce primate ? Lorsqu’on l’empêche de se nourrir à volonté, son organisme réagit comme si on le mettait dans une situation d’hostilité. Une situation qui freine le métabolisme.

Ce qui fait vieillir, ce sont les très nombreuses mutations sur l’ADN
Pr Berche.

« En conséquence, son corps peut davantage se focaliser sur la réparation de son ADN. Ce qui fait vieillir, ce sont les très nombreuses mutations sur l’ADN.  En l’espace de 24 heures, nos cellules subissent des dizaines de milliers de mutations qui sont réparées en permanence. Au fur et à mesure que l’on vieillit, on répare de moins en moins bien : c’est ainsi que, dépassé un certain âge, on développe des cancers et d’autres maladies… Au fond, si vous augmentez votre capacité à réparer l’ADN, vous freinez le vieillissement et même vous le retardez de façon considérable », s’enthousiasme le Pr Berche.

De l’animal à l’homme, il y a un pas qu’on ne peut pas actuellement franchir.

Dans ce domaine, les études sur les êtres humains sont rares, réalisées sur de petits nombres de participants. L’équation « je mange moins donc je vis plus » paraît simpliste aux yeux de certains scientifiques.


Néanmoins les recherches sur le jeûne intermittent  – ou fasting –  donnent à réfléchir : ne faire que deux repas par jour (par exemple ne pas dîner ou se priver du petit-déjeuner), voire un seul ou jeuner deux jours et manger normalement les cinq jours suivants, comporteraient des bénéfices pour la santé.

Selon une méta-analyse, réalisée par des chercheurs de l’Université Johns Hopkins (USA) publiée en 2019 dans le New England Journal of Medicine, cette façon de restreindre les calories permettrait non seulement de perdre du poids et de faire baisser la tension artérielle, mais aussi d’accroître la longévité.


Toutefois les effets à long terme du jeûne intermittent ne sont pas encore évalués. Il faudra des études complémentaires pour pouvoir affirmer, avec certitude, qu’il prolonge l’espérance de vie.

 

*auteur de «  Longévité », Edition Docis, 2018.

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