Points clefs :
– Le jeûne intermittent et la restriction calorique sont des mesures diététiques populaires qui consistent à limiter la période d’alimentation ou la quantité de calories ingérées.
– De plus en plus d’études scientifiques mettent en avant les bénéfices de ces approches sur le vieillissement ou d’autres pathologies humaines.
– Malgré tout, un encadrement par un professionnel de santé reste conseillé pour éviter d’éventuels effets secondaires.
Très à la mode dans les milieux diététiques et bien-être, le jeûne intermittent et la restriction calorique sont vantés comme des méthodes miracles pour perdre du poids et booster notre santé. Ils permettraient de purifier l’organisme et même de lutter contre le cancer. Entre fantasme et réalité, que dit la science sur les bienfaits de ces nouveaux régimes miracles ?
Qu’est-ce que le jeûne intermittent et la restriction calorique ? [1-2]
Le jeûne intermittent ou « fasting » regroupe un ensemble de régimes diététiques dans lesquels le sujet alterne entre périodes de jeûne et périodes d’alimentation. La période dans laquelle l’ingestion de nourriture est autorisée varie le plus souvent de 8 à 10h et implique de décaler l’heure des repas ou d’en supprimer un. Dans la mesure ou les restrictions concernent le moment de manger et pas ce que l’on mange, il s’agit d’une approche non conventionnelle du régime.
En pratique, la durée du jeûne intermittent varie de 15 jours à 2 mois en fonction de l’objectif recherché. Plusieurs modalités existent, la plus courante étant le jeûne 16/8 durant laquelle les repas se prennent dans une plage horaire de 8 heures suivi de 16 heures de jeûne. On peut supprimer le diner et prendre un dernier repas vers 17 h avant de manger à nouveau vers 9 h le lendemain matin. On peut aussi supprimer le petit-déjeuner et manger à midi puis diner vers 20 h. D’autres modalités comme 20/4 (4 heures pour manger et 20 heures de jeûne) existent mais sont moins tenables sur le long terme socialement.
La restriction calorique, aussi appelée régime hypocalorique, consiste comme son nom l’indique à réduire le nombre de calories apportées par la nourriture. L’objectif est d’amener l’organisme vers un état de sous-nutrition, sans pour autant être en malnutrition grâce à une nourriture suffisamment riche en éléments nécessaires au fonctionnement du corps. Plusieurs approches sont possibles mais tournent en général autour d’une réduction de 30% des apports caloriques.
En pratique, il n’est pas conseillé de faire durer trop longtemps un régime de restriction calorique car des effets indésirables peuvent apparaitre sur le long terme en cas de déficit de surveillance. Il est par ailleurs plus difficile de tenir ces contraintes alimentaires en raison du sentiment de frustration qu’elles génèrent.
Quels sont les effets du jeûne intermittent et de la restriction calorique sur la santé ? [3-4-5-6]
Le premier et le plus évident des effets du jeûne intermittent et de la restriction calorique est la perte de poids. L’objectif d’un régime est à la base de maigrir et il semble parfaitement logique que diminuer son apport en calories ou jeûner va forcer le corps à puiser dans ses réserves, ce qui va se traduire par un amaigrissement.
En parallèle, beaucoup de choses ont été dites sur les bénéfices de ces approches, parfois sans preuves solides. La science dispose pourtant de nombreux modèles, déjà utilisé pour étudier les effets de la restriction calorique ou du jeûne, des plus simples comme la drosophile aux plus complexes comme les primates non humains en passant par la souris et le poisson zèbre.
De manière générale, le jeûne intermittent améliore les constantes biologiques chez l’Homme avec, par exemple, une baisse de la pression artérielle et une réduction des signes du diabète. De façon très intéressante, une étude récente montre que le jeûne nocturne prolongé augmente drastiquement la durée de vie et réduit le vieillissement de l’organisme chez la drosophile. Ce jeûne nocturne active l’autophagie (processus par lequel la cellule dégrade et recycle ses composants) et améliore le métabolisme. Le jeûne intermittent aurait aussi un effet sur le ralentissement de la maladie de Parkinson et freinerait le vieillissement de l’organisme chez l’Homme.

La restriction calorique quant à elle semble avoir des effets similaires mais plus puissants sur l’organisme. Ainsi, elle limite la rigidité vasculaire et les maladies associées mais aussi le déclin cognitif, l’atrophie musculaire et diminue la tension artérielle. Les effets se ressentent entre autres au niveau de l’artère rénale qui vieillit moins vite. Une étude récente de 2021 a par exemple mis en évidence qu’une restriction calorique ou un jeûne à base d’eau uniquement entrainait une baisse des facteurs de risque du syndrome métabolique et augmenté les biomarqueurs anti-âges sans toxicité.
Concernant le rôle du jeûne intermittent et de la restriction calorique sur le cancer, les autorités de santé françaises ne conseillent toujours pas cette approche chez les personnes en chimiothérapie. Néanmoins, dans une étude de 2021, la restriction calorique a réduit la concentration de glucose, d’insuline et d’IGF-1 chez des patients atteint de cancers, ce qui dans les modèles précliniques animaux, a de forts effets antitumoraux. Les résultats de l’étude suggèrent que ces mesures diététiques favorisent un microenvironnement immunitaire antitumoral. Néanmoins, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour valider leur bénéfice dans le traitement du cancer chez l’homme.
De manière générale, Il semble y avoir de plus en plus de preuves que les mesures diététiques comme le jeûne intermittent ou la restriction calorique ont des effets concrets sur l’espérance de vie et la prévention ou le traitement des maladies liées à l’âge.
Quels sont les risques ? [7]

Le risque principal de ces mesures réside dans la survenue de carences et de malnutrition si elles ne sont pas appliquées de manière correcte et encadrée par un professionnel de santé. Les effets sont alors délétères et vont à l’encontre du but recherché initialement. Ainsi, contrairement à la sous- nutrition induite par la restriction calorique qui active l’immunité et l’autophagie, la malnutrition fragilise l’organisme et expose à des pathologies graves. Ces risques existent principalement pour la restriction calorique si un suivi et un encadrement strict ne sont pas mis en œuvre ou pour le jeûne prolongé. Le jeûne intermittent y est moins sujet car il n’impose pas de restriction alimentaire.
Le mot de la fin [8-9]
Les études scientifiques semblent montrer un bénéfice du jeûne intermittent et de la restriction calorique sur l’organisme et la santé générale avec la réduction des pathologies liées à l’âge. Même si les effets sont loin de la panacée vantée par certains, ces mesures semblent pouvoir participer activement à vieillir en bonne santé.
Bien que les effets de la restriction calorique semblent plus puissants que ceux du jeûne intermittent, cette dernière demande moins d’encadrement, à moins d’effets secondaires délétères potentiels sur le long terme et est plus simple à observer car moins frustrant. Il semble donc être en pratique une stratégie plus intéressante que la restriction calorique.

Sur le plan thérapeutique, comprendre comment et pourquoi ces interventions diététiques impactent positivement notre santé pourrait être un moyen, à terme, de développer des approches permettant d’en mimer les effets. La médecine et la recherche médicale avancent d’ailleurs à grands pas sur ce terrain avec, par exemple, des études sur la rapamycine, un composé permettant d’activer l’autophagie au même titre que le jeûne. Il est donc possible que dans le futur, un médicament permette de profiter des effets thérapeutiques de ces mesures diététiques.
Bibliographie :
- A Look Back at 2021: Progress Towards the Treatment of Aging as a Medical Condition. Fight Aging! https://www.fightaging.org/archives/2021/12/a-look-back-at-2021-progress-towards-the-treatment-of-aging-as-a-medical-condition/ (2021).
- Sleeve gastroplastie endoscopique et prise en charge de l’obésité | Le Guide Santé. https://www.le-guide-sante.org/actualites/medecine/obesite-traitement-sleeve-gastroplastie-endoscopique.
- Lundell, L. S. et al. Time-restricted feeding alters lipid and amino acid metabolite rhythmicity without perturbing clock gene expression. Nat. Commun. 11, 4643 (2020).
- Wilkinson, M. J. et al. Ten-Hour Time-Restricted Eating Reduces Weight, Blood Pressure, and Atherogenic Lipids in Patients with Metabolic Syndrome. Cell Metab. 31, 92-104.e5 (2020).
- de Cabo, R. & Mattson, M. P. Effects of Intermittent Fasting on Health, Aging, and Disease. N. Engl. J. Med. 381, 2541–2551 (2019).
- Jiang, Y. et al. Five-day water-only fasting decreased metabolic-syndrome risk factors and increased anti-aging biomarkers without toxicity in a clinical trial of normal-weight individuals. Clin. Transl. Med. 11, e502 (2021).
- Kerndt, P. R., Naughton, J. L., Driscoll, C. E. & Loxterkamp, D. A. Fasting: the history, pathophysiology and complications. West. J. Med. 137, 379–399 (1982).
- Giacomello, E. & Toniolo, L. The Potential of Calorie Restriction and Calorie Restriction Mimetics in Delaying Aging: Focus on Experimental Models. Nutrients 13, 2346 (2021).
- A Fasting Mimicking Diet Improves Anti-Cancer Immune Function. Fight Aging! https://www.fightaging.org/archives/2021/12/a-fasting-mimicking-diet-improves-anti-cancer-immune-function/ (2021).
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