Ces petites usines à énergie sont impliquées dans le déclin de l’organisme lié à l’âge, mais aussi dans sa capacité à retrouver une nouvelle jeunesse.
Pourra-t-on un jour estimer son espérance de vie, non pas en regardant les lignes de sa main, mais en observant au microscope ses mitochondries ? Sont-elles en passe de devenir la boule de cristal de notre organisme ? De plus en plus d’études s’intéressent au rôle déterminant qu’elles jouent dans l’avancée en âge.
Il faut dire qu’elles remplissent des fonctions importantes et sont des maillons essentiels du métabolisme.
« En effet, la mitochondrie, c’est la chaudière de la cellule. Il en existe un très grand nombre dans chaque cellule. Elles brûlent les sucres et les graisses en présence d’oxygène et, ce faisant, produisent de l’énergie indispensable au bon fonctionnement et à la survie des cellules. Notamment celles des muscles qui en consomment beaucoup », explique le Pr Bernard Sablonnière, médecin neurobiologiste, chef du département de biologie moléculaire à l’Université de Lille, auteur du livre « L’espoir d’une vie longue et bonne »*.
Un vieillissement accéléré des cellules
Avec l’âge, ces chaudières connaissent des défaillances. Quoi de plus normal !
Mais il faut souligner que ces dernières surviennent dès 30-35 ans dans bon nombre d’organes.
« Au lieu de convertir tout l’oxygène en eau, les mitochondries transforment une partie de l’oxygène en radicaux libres, dont l’eau oxygénée. Ces radicaux peuvent détruire ou altérer les composants de la cellule. Mais, vers 30 ans, rien n’est définitif. Les mitochondries possèdent un système de régulation, appelé mitophagie, qui permet d’éliminer les chaudières abimées», relève le Pr Sablonnière.
Et comme elles se divisent et se renouvellent en permanence, cela ne pose pas de problème… jusqu’à un certain point.

« Ce renouvellement s’épuise avec l’âge. Les petites chaudières ne se renouvellent plus suffisamment à cause d’un excès de radicaux libres. Ainsi apparaissent des phénomènes comme la sarcopénie, la diminution de la masse musculaire. Ou encore des troubles cognitifs quand les mitochondries montrent des signes de faiblesse dans le cerveau.
Surtout à partir de 60-70 ans, un certain nombre de mitochondries envoient des signaux inflammatoires dans les cellules. A la longue, cela favorise un excès d’inflammation et l’immunité se dérègle : d’où un vieillissement accéléré des cellules, des organes et l’apparition de maladies auto-immunes, de maladies neurodégénératives comme Alzheimer, du diabète, et de certains cancers», précise le Pr Sablonnière.
La restriction calorique et le sport d’endurance
Mais le mode de vie de l’individu est déterminant.
Les situations où l’on vieillit plus vite sont celles où les mitochondries doivent travailler davantage : surpoids, obésité, alimentation déséquilibrée et sédentarité. Plusieurs études l’ont clairement montré.
Mais elles ont aussi prouvé, pour l’instant chez l’animal, que la restriction calorique et le sport d’endurance stimulent la formation de nouvelles mitochondries.
Il peut donc y avoir une « marche- arrière », un « rajeunissement » de l’organisme.
« L’activité physique, si elle est régulière, augmente le nombre de cellules souches, et la capacité des mitochondries à se renouveler notamment dans les muscles. La restriction calorique a surtout été étudiée chez la souris : avec un jeûne de 12H dans la journée, ou une diminution de la portion calorique quotidienne d’au moins 30% », précise le Pr Sablonnière.

Autre piste : les antioxydants.
Mais des études, de plus en plus nombreuses, remettent en cause leur intérêt.
Les scientifiques s’intéressent aussi à la spermidine, une substance présente dans de nombreux légumes verts et des aliments fermentés comme les fromages. Elle pourrait également accélérer le renouvellement des mitochondries.
Tout comme la metformine, ce médicament antidiabétique bien connu.
Mais toutes ces recherches encore préliminaires n’apporteront de résultats significatifs chez l’homme que dans quelques années. Aujourd’hui, seuls le sport d’endurance et le fait de manger moins ont fait leur preuves.
*Editions Odile Jacob, 2018.
Catégories
Newsletter (6) Pour tout comprendre sur le vieillissement (35) Pour approfondir vos connaissances (20) Chronique de la longévité (3)Imprimer cet article